La fin du Calvaire…
Au printemps de l’année 1992, j’investissais les lieux de mon nouvel atelier, au Chemin du Calvaire numéro 3 à Lausanne. Une chambre noire toute équipée, où je ne saurais compter les milliers d’heures à développer des films et faire des tirages. C’était souvent la nuit, j’aimais les nuits dans la chambre noire, isolé du monde pour mieux révéler les émotions dans la transparence des négatifs et les projeter sur le papier argentique.
Les locaux étaient vastes, mais vite envahis au fil des ans par tant d’images nouvelles amoncelées, entre les photos de danse pour Béjart ou le Prix de Lausanne, et surtout s’empilaient des boîtes et des boîtes de photos personnelles, étant d’abord photographe par plaisir et passion, avant le métier.
Bien que jouissant d’une très belle lumière naturelle, celle que j’affectionne avant tout, mon atelier ne fut jamais un studio car l’espace était trop encombré par les meubles et bibliothèques accueillant les innombrables livres de photo acquis au fils des années…
Devant libérer les lieux après 30 ans, j’ai soudain rêvé de profiter de ce lieu vide, pour enfin bénéficier de cette lumière si belle, dont je n’avais pu profiter durant toutes ces années. Bénéficiant d’une prolongation accueillie comme un cadeau du ciel, j’y ai convié presque chaque jour des modèles, des nouveaux visages, comme des anciens, que je retrouvais avec émotion devant mon objectif des années plus tard, même 20 à 36 ans plus tard pour quelques modèles phares, avec qui le lien amical était resté intact.
Cette exposition est un hommage à ces partages lumineux durant ces quelques semaines, des dizaines de milliers de photos et plein de petits et grand bonheurs…
Philippe Pache, janvier 2022